Premier mai

 
 Tout à coup le vent a bleui
Les peuples des herbes pris au cou
Chacun méritant et affairé aux présences
A perte de vue la lumière roule
Exerce sans retenue ses pouvoirs
Généreuse
Mais indifférente à nos dons
Les fesses aux points blancs des chevreuils sautillent 
On les appelle en silence
S'il vous plaît, ne craignez rien. 
 
 
 
Premier mai 
 
 

Froidures

 
 
 A si longtemps s'être assouplis sous les moiteurs
A peine effleurés par l'haleine des Alizées
Les os se sont expatriés 
Dans des contrées prônant la mollesse 
Peu contraint si longtemps
Aux ciseaux des froidures
Oublieux si longtemps des frimas
Le squelette entier se fracasse
Sous les coups de serpe du froid
Combat à l'arme blanche des givres matinaux
Et coups de vent réfrigérant l'ostéoblaste
Le retour aux sources des climats tempérés
Laisse une griffure verglacée sur chaque clavicule
Un effort de tout le corps pour ne pas craqueler


 
 
 
 

Le jaune

Aux pieds des arbres fruitiers

Dressés bien rangés

Par les hommes

Une offrande pure se donne 

Pour rien

Rasant le sol avec ferveur

Le coup de force du printemps

Travaille au corps chaque cellule

Et c'est une orgie de perfection

Pour personne

Un maelstrom or et blanc 

Pissenlits et pâquerettes

Mus par un secret désir

L'acte gratuit de la naissance 

Indifférente à son image

Là seulement pour l'oeil

Encore vierge des satiétés

 

 

 

Monbahus, mars 2021 et chaque année 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


 

Licenciement

 Le compte à rebours occupe tout l'espace

Chaque geste comme un risque ultime

Dont on ignore la nature

Une perte ? Un glissement ? Une erreur ?

Qui peut savoir ?

Un oubli fatal ?

Les entrailles se resserrent

Autour de la capacité des choses

A bien savoir comment se faire

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Eloignement

Une à une je quitte les plantes
Le jasmin, la monstera deliciosa
Et leur savoir nocturne
Mes patientes attentives
Offertes à qui mieux mieux
Le vide des grands départs
Remplace l'intime des lianes
 
 
 
 

 

Limogeage





Maintenir le front juste à hauteur de l'action
Pour ne transpirer  que sur la matière
Ne pas se laisser aller
A glisser sournoisement dans l'éther
Un peu perclus parfois
Par la vacillation









Envoi





L'étonnement à chaque fin de journée face à la capacité des choses
A n'exister que pour se laisser faire









Congédiement





Par brassées volent dans l'oubliette
Les atours
Ceux qui, collant comme du sucre à la peau
Devaient t'aspirer
Les linges ont essuyé quelques larmes
Se languissant du dard cosmique
Loué pourtant
Tous ces bleus et parme dentelés
Ces petites culottes extatiques
Si longtemps fin prêts à basculer dans le vice
Au fond du trou de nos communs résidus
Achèveront de recycler leur candeur



















Exode






Par places, soudain l'extraction s'impose
L'orifice laissé affligé au départ
Par secousses, l'adieu impromptu
A faire sans se dérober
A faire









Appareillage








Effort tendu pour absorber l'éternel des images
Leur offrir le lit de l'immuabilité
Triste dans la forfaiture 
Le savoir qu'on ne sait jamais
Ce qu'on sait 









Expédition





Le vice de l'excès étale son exorbitance
Un peu écrasée sous
L'informe gisement des vêtures à profusion
Des soutes entièrement plombées de toges
Des caves comblées de robes
Des granges craquant sous les jupes
Ne pas fléchir sous l'emphase
On se connaît
Toujours un peu surprise par les volumes
Mais prudente au rejet, au cas où
Prête en respirant profond
A méticuleusement transformer en collection
La folle myriade de l'obstruction







Détour



Dans les halètements masqués de l'hypermarché, une dernière pizza 
Je  me lave les pieds aux lieux familiers
Au cœur de la cène, le parfum furtif du maracudja
Tous les sens devront donc participer aux funérailles 









Evacuation






Les prairies plantées bien droit dans leurs pots
Ne verront jamais la côte est de l'Atlantique
Je chéris leur insouciance










Echappatoire







Jeter à la volée pour les petits oiseaux
Les chaussures sacrifiées à l'autel de l'Utile