Premier mai

 
 Tout à coup le vent a bleui
Les peuples des herbes pris au cou
Chacun méritant et affairé aux présences
A perte de vue la lumière roule
Exerce sans retenue ses pouvoirs
Généreuse
Mais indifférente à nos dons
Les fesses aux points blancs des chevreuils sautillent 
On les appelle en silence
S'il vous plaît, ne craignez rien. 
 
 
 
Premier mai 
 
 

Froidures

 
 
 A si longtemps s'être assouplis sous les moiteurs
A peine effleurés par l'haleine des Alizées
Les os se sont expatriés 
Dans des contrées prônant la mollesse 
Peu contraint si longtemps
Aux ciseaux des froidures
Oublieux si longtemps des frimas
Le squelette entier se fracasse
Sous les coups de serpe du froid
Combat à l'arme blanche des givres matinaux
Et coups de vent réfrigérant l'ostéoblaste
Le retour aux sources des climats tempérés
Laisse une griffure verglacée sur chaque clavicule
Un effort de tout le corps pour ne pas craqueler


 
 
 
 

Le jaune

Aux pieds des arbres fruitiers

Dressés bien rangés

Par les hommes

Une offrande pure se donne 

Pour rien

Rasant le sol avec ferveur

Le coup de force du printemps

Travaille au corps chaque cellule

Et c'est une orgie de perfection

Pour personne

Un maelstrom or et blanc 

Pissenlits et pâquerettes

Mus par un secret désir

L'acte gratuit de la naissance 

Indifférente à son image

Là seulement pour l'oeil

Encore vierge des satiétés

 

 

 

Monbahus, mars 2021 et chaque année